dim. Oct 6th, 2024

Sénégal, un pays africain sans l’assemblée nationale

Dans une allocution à la télévision nationale, le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale.
« Je dissous l’Assemblée nationale pour demander au peuple souverain les moyens institutionnels qui me permettront de donner corps à la transformation systémique que je leur ai promise », a-t-il déclaré dans une allocution.
Cette dissolution n’est pas une surprise. Fin août, le Conseil constitutionnel avait rappelé que la dissolution de l’Assemblée nationale pouvait être légalement prononcée par le président à partir du 12 septembre, soit deux ans après le début de la quatorzième législature, le 12 septembre 2022.
Chose due, chose faite. Le Parlement restait jusqu’ici dominé par les fidèles de l’ancien président Macky Sall est désormais dans le passé. Le faux suspens a pris fin, jeudi 12 septembre à 20 heures. Pour éviter la politique de la chaise vide, Bassirou Diomaye Faye a convoqué des élections législatives anticipées le 17 novembre prochain.

Faute de majorité au Parlement, toujours dominé par les fidèles à l’ex-président Macky Sall, Bassirou Diomaye Faye, élu le 24 mars, avec 54 % des suffrages, ne disposait pas de tous les leviers institutionnels pour appliquer son programme de rupture. Son parti, les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) ne comptait que 23 députés sur 165 – et une quarantaine, en totalisant ses alliés de la coalition Yewwi Askan Wi.
« Le culte du blocage ».

Ces dernières semaines, les divergences entre le pouvoir et l’opposition ont bloqué l’action gouvernementale. Fin juin, les députés de Benno Bokk Yakaar (BBY), la coalition qui soutenait Macky Sall, avaient ainsi boycotté le débat d’orientation budgétaire, provoquant son annulation. Le 2 septembre, la proposition de supprimer le Haut Conseil des collectivités territoriales et le Conseil économique, social et environnemental jugés « budgétivores » par les autorités, a été rejetée en bloc par les députés de l’opposition. « Le gage d’une collaboration franche avec la majorité parlementaire était une illusion, celle-ci ayant décidé d’entretenir le culte du blocage », a fustigé le président, dans son discours.
Ousmane Sonko, premier ministre et leader du Pastef a, pour sa part, essuyé plusieurs menaces de motion de censure, dont une a été déposée par le camp de l’ancien régime. Sa déclaration de politique générale, qu’il était censé prononcer vendredi 13 septembre, devant l’Assemblée nationale, a été automatiquement révoquée par la dissolution. Un timing qui interroge au sein de l’opposition.

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