Mardi dernier, le préfet du Mfoundi signe un arrêté qui met en garde ceux qui inciteraient au soulèvement, notamment par voie médiatique, ou poseraient des actes susceptibles de créer des troubles à l’ordre public dans le département.
Depuis lors, plusieurs acteurs du landerneau politique camerounais crient leur ras-le-bol. « L’arrêté de Monsieur le préfet du Mfoundi n’a aucun fondement juridique. C’est au contraire, un acte d’atteinte flagrante aux libertés individuelles », commente Christian Ntimbane Bomo de la Société Civile des Réconciliateurs.
Pour ce dernier, il pourrait dès lors faire l’objet de poursuites pénales pour abus de pouvoir, de séquestration en cas d’exécution de son arrêté ; le préfet ne jouissant d’aucune immunité. « Même en cas d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, le préfet doit juste informer le procureur de la République des faits. Il ne lui revient en aucun cas de caractériser des infractions comme l’outrage aux corps constitués, les appels à l’insurrection, qui relèvent de la compétence de la justice pénale », explique l’avocat.
« Aussi, la création des sanctions suite aux infractions pénales est de la compétence exclusive du Parlement. On parle de domaine réservé du pouvoir législatif. Le préfet n’a donc pas à créer une sanction comme l’interdiction de séjour à la suite des infractions pénales listées dans son arrêté. Dans le cadre des missions de préservation de l’ordre public, la loi ne lui autorise qu’à prendre des mesures de police administrative qui ne peuvent aucunement empiéter aux compétences des juges judiciaires, seules garantes des libertés individuelles », ajoute-t-il.
« C’est la preuve que l’Enam forme encore plus de 60 ans après les indépendances africaines, des administrateurs à l’esprit colonial. C’est à dire, ceux appelés à brimer leurs compatriotes. Il faut revoir la formation dans cette école en attendant la réforme totale des écoles de formation de l’Etat », conclut Christian Ntimbane Bomo, de la Société Civile des Réconciliateurs et candidat déclaré à l’élection présidentielle.