dim. Nov 17th, 2024

    LETTRE OUVERTE A MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPULIQUE DU CAMEROUN

    Monsieur le Président de la République,

    Je prends professionnellement un risque immense en vous saisissant par ce canal, parce que je fais le pari que c’est le seul par lequel, j’ai des chances de vous toucher, pour vous relayer un sentiment, le mien, que je ne crois pas isolé. Je ne doute pas qu’après cette saisine, le processus de ma révocation des cadres de la magistrature sera enclenché, pour une supposée violation de l’obligation de réserve, dont le contenu est pourtant précisé aux articles 40 et 41 du Statut Général de la Fonction Publique, applicable aux magistrats, dans le silence de leur Statut particulier.

    Je suis bien conscient du risque, mais l’obligation de réserve n’a pas pour synonyme l’obligation de se taire, encore que ma qualité de magistrat, ne me prive pas de mon droit constitutionnel à manifester ma liberté d’expression reconnue à chaque citoyen. Je prends donc le risque et j’en assumerai les conséquences, parce que je pense qu’il faut savoir s’oublier, pour que l’essentiel reste inoubliable et, pour moi, l’essentiel c’est le CAMEROUN.

    Monsieur le Président de la République,

    Depuis plusieurs mois, notre pays est la risée du monde sportif, et du monde tout simplement. Après les querelles toujours pendantes autour de la désignation de l’encadrement dirigeant des « Lions Indomptables du Cameroun », notre pays rentre au musée du ridicule, offrant le spectacle inédit de l’organisation d’un match de football dans deux stades, distants l’un de l’autre, de près de 1000 kilomètres.

    Initialement prévue le 7 septembre 2024 au Stade de Japoma à Douala, puis annoncée au Stade Omnisport de Yaoundé par le Gouvernement, contre l’avis de la FECAFOOT, la rencontre de football comptant pour les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations, a été programmée à Garoua par la FECAFOOT, contre l’avis du Gouvernement.

    Dans 4 jours, nous devons accueillir la Namibie, un pays étranger, à qui nous ferons l’étalage de nos dysfonctionnements internes, de notre incapacité à nous unir pour protéger l’essentiel. Nous serons une fois de plus, une fois de trop à la une de l’actualité internationale qui ne manquera pas d’égratigner notre réputation déjà si peu reluisante.

    Monsieur le Président de la République,

    C’est vous que les camerounais ont élu au suffrage universel. Ceux qui contribuent à ternir l’image de notre pays, n’ont pas bénéficié de cette modalité de délégation de la souveraineté populaire. Vous demeurez la clé de voûte des institutions. Nous vous prions de bien vouloir épargner à notre pays l’humiliation extrême, soit d’une défaite sur tapis vert, soit d’une rixe populaire en raison de la fermeture d’un stade construit par les fonds publics.

    Cette situation ne devrait plus perdurer parce qu’au-delà de la dispute autour du choix du coach et du stade, ce qui semble être véritablement en jeu, c’est la question de la prise de contrôle du fonctionnement de notre République. Cette bataille est indécente en ce qu’elle ne devrait pas éclore au grand jour alors que vous êtes encore vivant et en fonction.

    C’est la raison pour laquelle, la prière est qu’il vous plaise très respectueusement, à défaut de les recevoir personnellement, de bien vouloir instruire de manière ferme et en procédure d’extrême urgence, la convocation des protagonistes de ce désordre chez le Chef du Gouvernement (par exemple), qui aurait pu se saisir d’initiative, afin que la voix de la République du Cameroun, se fasse enfin entendre.

    L’honneur bafoué de notre pays provoque une gêne immense et une profonde amertume que les véritables patriotes ruminent péniblement. Le courage et la détermination à vous écrire, puisent dans l’indignation de ces instants qui donne à penser que face à l’intolérable, il vaut mieux une action impulsive, plutôt qu’une inaction. Ce billet d’humeur est un cri qui vient des entrailles des amoureux de notre pays.

    Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma déférente considération.

    OVONO ONDOUA ULRICH XAVIE

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