dim. Juin 23rd, 2024

A la mémoire des nôtres dont personne ne se souvient ni du nom ni du visage, mais dont les noms sont chantés par nos mamans au lever du jour, nous donnons à nos enfants leurs noms afin qu’ils ne sombrent point dans l’oubli et la mort. A Joseph Mgbwa Zang un Fon de Mgoazib dans le Sud Cameroun qui a donné sa jeunesse pour la France.

Emmanuel Macron et ses congénères se sont retrouvés le 6 juin 2024 pour commémorer les 80 ans du débarquement en Normandie. Un seul manquait à l’appel; Poutine mais ça c’est une autre histoire. Depuis deux décennies  nous avons assisté à la falsification de ce pan de la seconde guerre mondiale. Petit à petit les Tirailleurs Africains ont été débarqués non seulement de l’histoire officielle mais aussi universitaire de cette guerre qui a changé la face du monde.

Aujourd’hui tous les tirailleurs Africains sont décédés, pas parce qu’ils avaient une espérance de vie plus faible que leurs camarades d’arme mais parce qu’ils ont été traités différemment. Le Massacre de Tchiaroye le 1er décembre 1944 quand des anciens combattants revenus au Sénégal furent massacrés par un régiment de gendarmerie, français blancs. L’histoire se fait avec des documents, les documents sont muets parce que les témoins ont été sciemment effacés par ceux pour qui ils ont donné leur vie hier.

L’Afrique a versé son sang sur les plages de Normandie,  l’Afrique a porté le fer face à un ennemi qui était depuis 4 ans, cette Afrique n’est pas conviée aux festivités marquant les 80 ans de la libération de la France. Oui la contribution de l’Afrique en hommes et en effort de guerre a été plus qu’importante. La France n’a jamais été à Londres elle était à Brazzaville, les maquis n’étaient pas seulement dans le Vercors mais dans chaque village d’Afrique où l’on énième devait travailler dur pour fournir à la France sous occupation les moyens matériels et financiers pour organiser sa guerre. C’est en terre africaine qu’a débuté la seconde guerre mondiale le 3 octobre 1935, lorsque les troupes de Mussolini envahissaient l’Éthiopie (l’Abyssinie, à l’époque). La capitale Addis-Abeba fut occupée, le 5 mai 1936, l’empereur Haïlé Sélassié Ier se vit obligé de prendre le chemin de l’exil.

Les commémorations de Paris ont été  en soi, une négation du sacrifice que les Africains ont consenti aux Alliés pour que le débarquement et, plus globalement, la victoire soit possible. Ce qui arrive aujourd’hui a été minutieusement construit.

Aujourd’hui nous assistons tout simplement à sa vulgarisation. Alors ils sont tous là autour de Macron. Biden, trudeau, le Prince Williams représentant son Roi de Père et même les ennemis d’hier.

La France méprisante ou tout simplement honteuse de son passé.

Il n’y a pas de circonstances atténuantes à trouver à la France. Elle, dit elle qui n’a pas à rougir de son passé  ni à présenter des excuses à qui que ce soit. Mais personne ne lui demande cet effort surhumain on lui demande juste un peu de vérité sur elle-même.

Catherine Coquery-Vidrovitch ne parle plus, c’était peut-être le seul historien français qui se battait encore. Oui aujourd’hui on sert à l’Afrique, qu’elle n’a peut-être pas fait partie des troupes qui ont débarqué en Normandie, mais non! Elle était là, sous toutes les formes. Oui elle a été là durant tout le processus qui a précédé ce jour dit  historique.

Qu’aurait été  la France sans sa base arrière,  sans l’effort de guerre de guerre de ses territoires saignés dans leurs femmes, dans leurs hommes? Dans leurs richesses. Oui l’Afrique à servi d’assise territoriale et de cadre de repositionnement pour les forces alliées. Oui, si les forces alliées n’avaient pas eu l’Afrique comme base arrière, ceux qui se prosternent devant des stèles et font de grands discours aujourd’hui auraient certainement souffert de l’occupation du canal de Suez par l’Italie ou par celle des territoires asiatiques par les Japonais.

545 000 Africains mobilisés. Des ports réquisitionnés, des aéroports pris. Combien d’africains, entre 1940 et 1944 ont été  mobilisés? 210 000 combattants ont été mobilisés dans l’Ouest africain britannique. Pour ce qui est des colonies françaises, on estime à 85 000 le nombre de combattants mobilisés dans le cadre des campagnes de “la France libre”. Une bonne partie n’est jamais revenue du front. L’Afrique fut également sollicitée pour participer aux dépenses militaires.

Alors oui, l’Afrique se doit de le rappeler à défaut de d’être présente pour rappeler la place qui est la sienne dans la marche du monde.

L’Afrique a offert son sol comme lieu d’hébergement de la République et de ses institutions. L’Afrique a offert son territoire comme champ de bataille. Elle a donné ses fils comme combattants. Elle a donné ses filles comme main d’œuvre pour produire l’effort de guerre, elle a donné ses avoirs comme contributions financières. Mais 80 ans après, on fait comme si elle n’avait rien fait. Nous voulons juste le rappeler car demain c’est la jeunesse africaine qui le dira face à la jeunesse occidentale dans un dialogue de sourd parce que l’histoire aura été falsifiée.

 

 

 

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